L’histoire sans fin: vaccins et autisme
De tous les sujets controversés, s’il en est un qui a fait couler beaucoup d’encre, c’est bien celui des vaccins. La peur des vaccins est de prime abord parfaitement légitime: nous désirons tous préserver notre santé et celles de nos proches, et s’inoculer un produit sans être malade n’est pas anodin. De plus, certains évènements de l’histoire ne donnent rien à rassurer: pensons aux vaccinations mortelles de Lübeck[1] de 1930 par exemple.
Cette peur existe depuis longtemps et à tout dire, elle est aussi vieille que les vaccins eux-mêmes.
Le Cow-Pock ou Les Merveilleux effets de la nouvelle inoculation ! – Caricature de James Gillray, 1802, traduisant la peur de l’inoculation du virus de la vaccine (variole de la vache) qui permettait de s’immuniser contre la variole.
Pourtant, il me semble raisonnable de considérer que cette peur devrait avant tout nous servir de moteur pour améliorer nos techniques et nos mesures de sécurité, mais jamais se transformer en paranoïa ou en affabulations. Rappelons-nous que le but du jeu n’est pas d’attendre un vaccin efficace à 100% et absolument sans danger pour pouvoir l’utiliser: ce serait tomber dans le sophisme de la solution parfaite. Un but plus réaliste est de s’en servir lorsque les bénéfices surclassent largement les risques à l’échelle d’une population.
Ces dernières années, plusieurs facteurs viennent s’ajouter pour attiser la défiance vaccinale. La propagation d’informations anxiogènes ou la perte de confiance en des institutions sanitaires, par exemple. On pourra aussi penser à l’oubli partiel des maladies qui furent autrefois des fléaux. La variole a été déclarée comme éradiquée en 1980 [2]. La poliomyélite, qui faisait encore des ravages au 20e siècle est également presque éradiquée dans de nombreux pays. Ainsi, grâce à la vaccination (et à d’autres facteurs), plusieurs maladies nous sont désormais quasi étrangères[3]. Privés de la peur de la maladie, nous risquons alors de penser que ce qu’il reste, c’est la peur des vaccins. Il est donc assez ironique de remarquer que même quand elle est efficace, la vaccination génère inexorablement de la défiance.
Cela étant dit, nous ne sommes pas ici pour faire l’apologie de la vaccination. Nous sommes ici pour un cas particulièrement instructif de notre histoire qui a encore, malheureusement, des répercussions aujourd’hui. Un cas qui illustre à merveille le niveau de psychose et de mauvaise foi dans lequel on peut tomber lorsque l’on baigne dans une mer d’informations contradictoires et d’incertitudes. Un cas qui montre enfin comment quelques évènements ou quelques personnes peuvent être l’origine d’une toile immense de fausses croyances et d’idées reçues.
Vous l’aurez compris, nous allons essayer de remonter aux sources de cette rumeur comme quoi les vaccins auraient un rôle dans le développement de troubles du spectre autistique, et en particulier le vaccin ROR (Rougeole – Oreillons – Rubéole). Une idée surprenante qui a beaucoup tourné ces dernières années, surtout dans la sphère anglophone. Pour la bonne compréhension de cet article un peu (trop) long, je suggère d’avoir une bonne idée des différents types d’études qui peuvent exister, par exemple en jetant un œil à mon précédent article sur la pyramide des preuves.
« Il est temps de s’enfoncer un peu plus dans la brume… »
Table des matières:
Une « épidémie d’autisme », vraiment ?
Plusieurs hypothèses : ROR, Thiomersal, Vaccinations multiples, Aluminium, …
Un dernier contre-argument ?
Conséquences
Résumé et conclusion (TL;DR)
Réflexions personnelles, remarques et épilogue
Glossaire et sources
Une « épidémie d’autisme », vraiment ?
Une question qui peut déjà se poser est: pourquoi cette peur des vaccins s’est-elle en partie centrée autour de l’autisme vers le début des années 2000 ?
Commençons par une définition assez simple que j’ai pu trouver sur le site https://www.autismeinfoservice.fr : «L’autisme n’est pas une maladie, c’est un handicap dont les manifestations sont décrites sous l’intitulé de trouble du développement d’origine neurologique. L’autisme se manifeste principalement par une altération des interactions sociales et de la communication et par des intérêts restreints et répétitifs. Ces troubles peuvent provoquer un comportement inadapté dans certaines situations. Ces signes peuvent généralement être identifiés avant l’âge de 3 ans.»
On peut déjà se dire que, comme ces troubles sont en général détectés dès le plus jeune âge et que certains vaccins sont aussi administrés dans l’enfance, il existe un risque de faire un lien hâtif entre les deux. Corrélation n’est pas causalité, mais après tout la possibilité est là et peut inquiéter…
Mais une autre explication plus importante existe : le constat et la médiatisation d’une grande augmentation des diagnostics d’autisme dès les années 80-90. On pourra trouver cette courbe, relayée dans un superbe article sur le sujet, «Peut-on parler d’une épidémie d’autisme ?», par Frank Ramus (Directeur de recherches CNRS)[4]:
Évolution de la prévalence de l’autisme et des troubles du spectre autistique depuis 1970 aux États-Unis. Sources: estimations de l’association Autism Speaks (1975-1995) et CDC (2000-2010)
La courbe s’arrête en 2010, mais les données du CDC (Centers for Disease Control and Prevention) continuent de montrer une augmentation les années suivantes [5]. On imagine assez facilement que cela puisse faire peur et on verra ainsi fleurir de nombreux sites, images, chiffres et graphes anxiogènes sur le sujet, relayés en masse sur des réseaux sociaux, des médias ou par différentes associations.
Une fois que cela est dit, on peut se demander si cette information est honnête sans davantage de contexte. A quel point faut-il s’en inquiéter ?
Déjà, on parle d’une augmentation des diagnostics d’autisme, mais cela ne signifie pas nécessairement une augmentation réelle des cas ou des symptômes. On peut très bien mieux détecter une condition qu’on ne le faisait par le passé.
Ensuite, les définitions de ce qu’est l’autisme ont beaucoup évolué au cours du temps : des critères élargis, l’inclusion de symptômes jusqu’alors distincts comme celui d’Asperger, etc. Désormais on parle de «Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA)» car cela rend mieux compte de la grande variabilité des symptômes qui sont regroupés sous le terme flou de « autisme ».
Les critères utilisés par les professionnels de la santé sont définis depuis deux sources principales: le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) et la Classification internationale des maladies (CIM). Deux nouvelles versions de ces nomenclatures sont notamment publiées et mise en application au début des années 90, le DSM-IV et la CIM-10. Pour citer l’article de Frank Ramus mentionné plus haut:
«Il est incontestable que le passage à la CIM-10 et au DSM-IV a augmenté considérablement la population répondant aux critères diagnostiques de l’autisme et des troubles envahissants du développement.»
Ainsi, on peut déjà constater que la courbe présentée ci-dessus compare un peu des pommes et des poires: on suit au cours du temps les diagnostics d’un trouble aux contours changeants. D’accord, mais à quel point cela impacte-t-il l’augmentation apparente? D’autres facteurs entrent-ils en jeu ?
En 2015, une étude de cohorte au Danemark [6] a suivi des enfants nés de 1980 à 1991 jusqu’en 2011 et conclue que ces évolutions de critères/définitions ainsi que les changements de pratiques de comptabilisations des cas expliqueraient 60% de l’augmentation des diagnostics d’autisme. La même année, une étude suédoise [7] suit des enfants nés entre 1993 et 2002, et conclue: « La prévalence du phénotype des symptômes de l’autisme est restée stable chez les enfants suédois, alors que la prévalence officielle des troubles du spectre autistique enregistrés et diagnostiqués cliniquement a considérablement augmenté. »
Une plus grande reconnaissance auprès des professionnels et du grand public, une amélioration des diagnostics ou de la prise en charge, une détection plus précoces des troubles, sont autant d’autres facteurs qui expliquent que la courbe ait continué de monter.
L’article de Frank Ramus termine par :
« Bien que le nombre de diagnostics de TSA ait considérablement augmenté au cours des dernières décennies, il y a donc toutes les raisons de penser que la majeure partie, sinon la totalité de cette augmentation soit attribuable à l’élargissement des critères diagnostiques et à leur application plus systématique à l’ensemble de la population concernée. »
D’autres travaux vont dans ce sens[8] et si l’on regarde des articles très récents, on pourra voir une revue systématique de 2022[9] qui synthétise le travail d’études sur les prévalences d’autisme à travers le monde. Dans la section « Discussion », les auteurs résument: « Parmi les facteurs connus pour expliquer l’augmentation de la prévalence, on peut citer la sensibilisation accrue de la communauté et la réponse de la santé publique à l’échelle mondiale, les changements dans la définition des cas qui ont élargi les limites du diagnostic au fil du temps, l’augmentation du diagnostic des formes plus légères et l’augmentation de l’identification de l’autisme dans des populations auparavant sous-diagnostiquées en fonction du sexe, de la géographie, de la race/de l’ethnicité ou du statut socio-économique. »
Enfin, citons un article de 2021 [10] qui fait une mise au point sur le sujet de l’autisme et de la vaccination et qui concernant la réalité de l’épidémie, explique : « Malgré les nombreuses preuves que l’augmentation de l’incidence est principalement due à l’amélioration du processus de diagnostic, cette augmentation rapide et médiatisée des diagnostics d’autisme alimente les inquiétudes des parents concernant toute intervention susceptible d’être associée à la santé de leurs enfants. »
Il me semble pouvoir conclure à minima que la vaste majorité de cette épidémie de diagnostics ne traduit pas une véritable augmentation des cas. Par ailleurs, si malgré tout un effet réel existerait, il serait très hasardeux de le relier à la vaccination plutôt qu’à autre chose… mais ça, nous allons y revenir.
Lorsque les hypothèses se multiplient
Nous avons montré différents facteurs qui, entre autres, peuvent expliquer pourquoi il s’est créé un terrain favorable à un emballement médiatique autour de l’autisme. Mais nous n’avons pas encore mis en évidence les évènements déclencheurs ni les raisons pour lesquelles un lien a été fait avec les vaccins auprès du grand public. Et, surtout, il y a-t-il lieu de prendre ces allégations au sérieux ?
L’hypothèse d’un lien vaccin/autisme est déjà évoquée dans les années 80 comme dans le livre « A shot in the dark » de Barbara Loe Fisher en 1985. Cependant, l’essor et la popularisation de cette rumeur est à chercher ailleurs. Dans un article de 2009, « Vaccines and Autism: A Tale of Shifting Hypotheses » [11], les auteurs énoncent les 3 hypothèses principales ayant circulé dans les médias/réseaux sociaux et étant le centre de tous les débats :
- Le vaccin ROR provoquerait l’autisme en endommageant la muqueuse intestinale, permettant l’entrée de certaines protéines dans le sang et jusqu’au cerveau.
- Le thiomersal, un agent conservateur contenant de l’éthylmercure présent dans certains vaccins serait toxique pour le système nerveux central.
- L’administration simultanée de plusieurs vaccins submergerait ou affaiblirait le système immunitaire, expliquant possiblement une plus grande incidence de l’autisme.
Il existe d’autres hypothèses mineures mais je tiens rajouter cette quatrième à la liste car elle a pas mal tourné en Europe : Les adjuvants à base d’aluminium présents dans des vaccins joueraient un rôle dans le développement de l’autisme.
Si tout était à refaire, on pourrait se dire qu’avant de se perdre en hypothèses pour expliquer pourquoi les vaccins seraient liés à l’autisme, il faudrait d’abord mettre en évidence un tel effet de manière certaine… Rappelons un vieil adage sceptique: Assurons-nous bien du fait, avant de nous inquiéter de la cause.
L’histoire étant ce qu’elle est, je vais tenter de résumer le déroulement des évènements de manière chronologique, en commençant par l’hypothèse concernant le vaccin ROR.
Andrew Wakefield et le virus de la rougeole
Andrew Wakefield étudie la médecine à la St Mary’s Hospital Medical School de Londres dont il sort en 1981. Il se spécialise en chirurgie et travaille quelques années à Toronto puis revient à Londres, au Royal Free Hospital, et finit par faire de la recherche, en particulier sur le sujet de la maladie de Crohn, une maladie inflammatoire de l’intestin dont l’origine est encore mal connue.
Il fait parler de lui en 1993 lorsqu’il publie l’article « Evidence of persistent measles virus infection in Crohn’s disease » [12] où il affirme avoir découvert de l’ARN du virus de la rougeole en analysant des tissus de patients atteints de la maladie de Crohn. Il propose alors que l’un pourrait causer l’autre. Il participe à d’autres études sur le sujet en 1994 et 1995[13]. Un lien potentiel avec le vaccin de la rougeole est bien vite évoqué (puisqu’il contient une forme atténuée du virus), et il ajoute aux conséquences potentielles du virus une autre maladie intestinale, la rectocolite ulcéreuse.
Si des doutes sont déjà présents quant aux conclusions de ses travaux [14], il faut prendre le sujet au sérieux. Peut-on reproduire les résultats avec des protocoles similaires ? On trouvera par exemple en 1996 une étude [15] qui compare les tissus intestinaux de 15 patients atteints de maladie de Crohn, 14 de rectocolite ulcéreuse et 14 patients de contrôle. Elle montre une absence de génome viral dans les différents tissus. D’autres études se succèdent et on peut les voir bien résumées dans un éditorial de 1998[16]: « Ainsi, plusieurs études récentes sur l’association entre la rougeole et la maladie de Crohn n’ont pas confirmé l’association initiale […]. La théorie de la rougeole comme facteur causal dans le développement de la maladie de Crohn ne peut donc pas être soutenue et devrait nous rappeler la nécessité d’un examen méthodologique rigoureux lorsque des associations causales sont proposées. »
Concernant la vaccination, le CDC aboutira la même année à une conclusion similaire: « Les données ne confirment pas l’existence d’un lien de causalité entre l’administration d’un vaccin contenant la rougeole et le risque de maladie de Crohn, hypothèse avancée par certains chercheurs. » [17]. Toujours la même année, le département de la santé du Royaume-Uni et un groupe d’experts passera en revue la littérature scientifique et apportera une conclusion équivalente [14][18]. D’autres études similaires viendront les années suivantes pour le confirmer [19].
L’affaire semble donc classée concernant ces maladies inflammatoires. Pourquoi en parler alors ? Afin de contextualiser un peu les recherches d’Andrew Wakefield et notamment vers quoi il va s’orienter les années suivantes. Pour l’instant, rien de très étonnant ni de très médiatisé. À moins que peut-être…
L’étude sur l’autisme de 1998
Après quelques années, Wakefield tourne son attention sur l’autisme. Il est ainsi l’auteur principal d’un article dans la revue prestigieuse The Lancet en février 1998: «Ileal-lymphoid-nodular hyperplasia, non-specific colitis, and pervasive developmental disorder in children»[20]. Il s’agit d’une « série de cas », un type d’étude descriptif (pas de groupe de contrôle, etc) portant sur les symptômes d’un groupe de 12 enfants atteints de régression développementale et de troubles gastro-intestinaux. Parmi ces enfants, 9 étaient atteints d’autisme, et 8 d’entre eux avaient des parents qui évoquaient le fait que les symptômes de l’autisme s’étaient développés peu après l’administration du vaccin ROR.
L’article suggère alors un lien de causalité entre la vaccination, l’autisme et ces symptômes, même si les auteurs précisent: « Nous n’avons pas prouvé d’association entre le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole et le syndrome décrit. Des études virologiques sont en cours et pourraient aider à résoudre ce problème. ». Les symptômes identifiés chez 11 des 12 enfants sont décrits comme une potentielle nouvelle pathologie que Wakefield nommera plus tard « Entérocolite autistique »[21].
S’il est clair que le sujet est important et que des études plus poussées sont attendues, cette fois-ci, l’affaire fait grand bruit après une conférence de presse de Wakefield. Dans celle-ci, il suggère aux parents de ne pas vacciner leurs enfants avec le vaccin ROR mais d’opter pour des vaccins séparés pour chaque maladie [22] (prise de parole qui sortait du cadre des conclusions de l’étude). L’information se propage comme une trainée de poudre via internet et différents médias aux États-Unis dès l’année 2000.
Dans un article de 2017 « Vaccination as a cause of autism—myths and controversies »[23], l’auteur résume l’ampleur du phénomène. On peut y lire que des rapports sont sortis peu après, montrant à nouveau la présence du virus de la rougeole chez des enfants atteints d’autisme (mais est-ce propre à l’autisme ?). Aux USA, Dan Burton, un membre du congrès américain, montrera ses oppositions aux vaccins, salué par les organisations de soutien aux autistes.
L’auteur résume ensuite: « Le Guardian, le Daily Mail, le New York Times, USA Today, le Washington Post, CNN et CBS (60 Minutes) ont interviewé des parents dévastés qui ont vu leur enfant au développement normal régresser vers un comportement autistique peu après l’injection du vaccin ROR. Dans un souci d’équilibre, les médias ont accordé la même place aux preuves scientifiques et aux opinions. Des témoignages anecdotiques de célébrités, comme celui de l’actrice Jenny McCarthy, et des faits divers (Tony Blair, alors Premier ministre britannique, a-t-il vacciné son enfant ?) sont apparus dans les médias aux côtés de rapports des Centres de contrôle des maladies (CDC) ou de méta-analyses évaluées par des pairs. Les avocats spécialisés dans la responsabilité civile n’ont pas manqué l’occasion de se joindre à la mêlée. »
On se retrouve très vite dans une situation chaotique où se mêlent médias, internet, citoyens inquiets, politiciens, avocats, scientifiques, organismes en tout genre. On regrettera qu’autant de personnes furent impliquées avant même que des études de meilleure qualité ne confirment quoi que ce soit…
Une fois que cela est dit, reste une question qui nous brûle les lèvres.
Le vaccin ROR cause-t-il l’autisme ?
En 1998, une étude prospective de suivi des effets secondaires du vaccin ROR sur 14 ans, en Finlande, rapporte entre autres qu’aucun cas d’autisme n’a été enregistré [24].
En 1999, une étude épidémiologique dans The Lancet porte sur 498 enfants atteints d’autisme [25]. Pas d’association trouvée entre le vaccin ROR et l’autisme.
En 2001, une étude rétrospective en Californie compare l’augmentation de l’autisme et l’augmentation de la couverture vaccinale dans une population d’enfants nés entre 1980 et 1994, en prenant entre 600 et 1900 enfants par année, soit plus de 10 000 sujets au total [26]. Elle conclue: « Ces données ne suggèrent pas d’association entre la vaccination ROR des jeunes enfants et l’augmentation de l’incidence de l’autisme.»
En 2002, on trouve cependant une seconde étude de Wakefield et une autre équipe [27] qui compare 91 patients atteints de troubles du comportement et un groupe contrôle de 70 patients, et trouve davantage de présence du virus de la rougeole dans le premier groupe. Ce résultat ne manquera pas d’alimenter encore les débats mais nous allons y revenir.
En 2002 toujours, une étude analyse les données de vaccination de différentes sources à Londres [28], sur 473 enfants atteints d’autisme et nés entre 1979 et 1998. Elle conclue que la proportion d’enfants atteints de régressions comportementales ou de troubles intestinaux n’a pas changé de manière significative depuis l’introduction du vaccin au Royaume-Uni en 1988.
Encore en 2002, une étude de cohorte rétrospective de grande ampleur est effectuée sur 537 303 enfants nés au Danemark entre 1991 et 1998 [29]. Elle conclue: « Cette étude apporte des preuves solides à l’encontre de l’hypothèse selon laquelle la vaccination ROR est à l’origine de l’autisme. »
La même année, enfin, une autre étude rétrospective sur 535 544 enfants vaccinés cette fois en Finlande, entre 1982 et 1986, aboutit à une conclusion similaire : « Nous n’avons pas identifié de lien entre la vaccination ROR et l’encéphalite, la méningite aseptique ou l’autisme. » [30]
En 2003, une revue systématique s’intéresse aux effets secondaires du vaccin ROR et inclue 22 études sur le sujet[31]. Elle mentionne entre autres « Il est peu probable que l’exposition au ROR soit associée à la maladie de Crohn, à la colite ulcéreuse, à l’autisme ou à la méningite aseptique ».
En 2004, une étude cas-témoin compare 1294 enfants autistes et 4469 non autistes. Elle conclue : « Nos résultats suggèrent que la vaccination ROR n’est pas associée à un risque accru de troubles envahissants du développement » [32].
En 2005, une étude japonaise [33] s’intéresse au déclin de vaccination dans la ville de Yokohama et plus particulièrement aux enfants nés entre 1988 et 1996. Elle constate que l’autisme continue d’augmenter malgré tout et qu’il est donc improbable que le vaccin ait un quelconque lien.
Les mêmes chercheurs que 2003 (ou presque) font une nouvelle revue systématique en 2005, qui inclue cette fois 31 études [34]. Une dernière mise à jour de la collaboration en 2012 [35] inclue encore davantage d’études respectant leurs critères: « Nous avons inclus cinq essais contrôlés randomisés (ECR), un essai clinique contrôlé (ECC), 27 études de cohorte, 17 études cas-témoins, cinq essais de séries chronologiques, un essai croisé, deux études écologiques, six études de séries de cas autocontrôlées impliquant au total environ 14 700 000 enfants et évaluant l’efficacité et l’innocuité du vaccin ROR. ». La conclusion concernant l’autisme reste la même.
Une méta-analyse de 2014 [36] recoupe 5 études cas-témoins et 5 études de cohorte, soit 1.2 millions de sujets, sa conclusion se trouve dans son titre « Vaccines are not associated with autism: An evidence-based meta-analysis of case-control and cohort studies ».
Mentionnons enfin une étude en cohorte danoise sur 657 000 enfants qui confirme encore en 2019 cette absence de lien [37].
Je suis loin d’avoir tout cité mais je pense que l’idée générale est là. Des études écologiques, cas-témoins, rétrospectives, prospectives, des revues systématiques, des méta-analyses, des études à n’en plus pouvoir. Il est quasi certain que le vaccin ROR n’est pas impliqué dans le développement de l’autisme et on peut s’interroger sur la nécessité de mettre en œuvre autant de ressources sur autant d’années, pour prouver encore ce que l’on sait déjà.
Un développement inattendu
Au fur et à mesure des années et alors que les études suivaient leur cours, une autre chronologie des plus intéressantes avait lieu en parallèle. Revenons donc un peu en arrière…
D’une part, très vite, des doutes sur la méthodologie de la première étude de 1998, et sur ce qu’on pourrait possiblement en tirer, sont émis [38]. En effet, on peut déjà arguer qu’au moment de la réalisation de l’étude, 90% des enfants du Royaume-Uni étaient vaccinés par le vaccin ROR. Il est donc parfaitement attendu que la plupart des enfants autistes le soient également et que par effet statistique, une partie d’entre eux ait développés les symptômes peu après l’injection. Il faut donc forcément une meilleure méthodologie pour prétendre à quoi que ce soit. De plus, l’hypothèse avancée est que la vaccination cause l’inflammation intestinale qui, possiblement, expliquerait ensuite l’autisme. Pourtant, les symptômes intestinaux furent observés après ceux de l’autisme. Enfin, on parlera aussi de biais de sélection quant au choix des 12 enfants de l’étude.
La seconde étude de 2002 de Wakefield, bien que de meilleur design (plus grand échantillon, groupe de contrôle) contient aussi son lot de doutes. Le papier ne mentionne pas plusieurs éléments méthodologiques: comment certains biais sont évités, que ce soit pour comparer les groupes à l’identique, pour gérer la haute sensibilité des tests utilisés ou pour savoir si les méthodes ont été faites « en aveugle ».
D’autre part, et notamment à la suite d’investigations du journaliste Brian Deer dès 2004, plusieurs évènements se succèdent et des éléments inquiétants sont mis en lumière [39].
Par exemple, en 2001, Wakefield démissionne du Royal Free d’un « commun accord » qui se révèle plutôt être une mise à la porte cordiale, pour mauvaise conduite et pour ne pas avoir réalisé une étude plus rigoureuse qui lui avait été demandé afin de confirmer la première. Il continuera cependant ses recherches en dehors du Royal Free, notamment pour son étude de 2002.
Ensuite, en février 2004, un article dans le Sunday Times par Brian Deer [40] révèle que Wakefield avait des conflits d’intérêts non-déclarés concernant son étude de 1998. Dès 1996, il avait été engagé par Richard Barr, un avocat souhaitant monter un dossier contre des fabricants de vaccins. Pour financer ses recherches, le Royal Free reçoit alors des fonds du Legal Aid Board, un organisme d’aide juridique du Royaume-Uni, qui avait pourtant annoncé couper le financement pour les actions en justice concernant le vaccin ROR en 2003 [41]. Une partie des enfants de l’étude avaient été recrutés via Richard Barr.
En mars 2004, et suite à ces révélations, 10 des 13 auteurs de 1998 publient une rétractation [42] de la section « interprétations » de l’article.
Dans un second article du Sunday Times en 2006 [43], Deer révèle qu’en plus de l’argent octroyé au Royal Free, les avocats auraient versés plus de 400 000 livres sterling directement à Wakefield pour ses recherches.
Dans son article How the case against the MMR vaccine was fixed du British Medical Journal en 2011[38], et avant cela dans de nouveaux articles du Sunday Times[44] en 2009, on apprendra enfin que les données elles-mêmes de l’étude ont été manipulées pour alimenter sa conclusion et soutenir l’existence de cette « Entérocolite autistique ». Par exemple, l’article de 1998 renseignait que les parents de 8 des 12 enfants avaient vu les symptômes de régression comportementale un à plusieurs jours après l’injection du vaccin. Cela ne s’est révélé vrai que pour un seul des enfants.
En janvier 2010, le General Medical Council (l’ordre des médecins britannique) termine son investigation et prouve une trentaine d’inculpations contre Wakefield, pour malhonnêteté et pour avoir fait preuve d’un « mépris insensible » pour la souffrance des enfants impliqués dans ses recherches [45].
En février 2010, le journal The Lancet prend la décision de rétracter complètement le papier original de 1998.
Enfin, en mai 2010, Andrew Wakefield est radié de l’ordre des médecins et ne peut plus exercer au Royaume-Uni.
Andrew Wakefield, auteur principal de l’article de 1998, est accusé de mauvaise science, d’irresponsabilité, de malhonnêteté, de conflits d’intérêts non-déclarés et même, de fraude. L’origine de la rumeur sur le vaccin ROR est donc, ironiquement, tout ce que les mouvements anti-vaccination prétendent combattre : les motifs financiers, la manipulation, la fraude.
Pourtant, ce n’était pas la fin de son histoire. Il a continué à faire de la propagande « antivax » notamment aux USA, au travers de conférences, de livres et même de films tels que « Vaxxed » en 2016. Il est érigé en héros par les mouvements anti-vaccination et est supporté par certaines stars comme Jim Carrey. Il y aurait encore beaucoup à en dire (vraiment beaucoup), mais passons à la deuxième hypothèse !
Le Thiomersal, la deuxième grande hypothèse
Le Thiomersal (ou Thimerosal) est un éthylmercure servant de conservateur dans certains vaccins, utile pour ses propriétés antibactériennes et fongicides et utilisé depuis les années 1930. Il est intéressant de noter que cet agent n’a jamais été présent dans les vaccins à virus atténué comme le ROR. Ainsi au sens strict, il a toujours été douteux de se servir de la première polémique comme d’un quelconque argument pour la deuxième, et vice versa.
Dans un article de 2007 publié dans l’American Journal of Public Health, intitulé « Mercury, Vaccines, and Autism One Controversy, Three Histories » [46], l’auteur (Jeffrey P. Baker) explique que dès les années 70 émergent des questions quant à sa toxicité, due à une prise de conscience des dangers du mercure dans l’alimentation. Une première revue du sujet par la FDA (Food and Drug Administation) conclura en 1976 que les quantités d’éthylmercure étaient trop faibles dans les vaccins pour présenter un quelconque danger [47].
Avec les années 90 et alors que le consensus concernant l’éthylmercure était toujours positif aux doses administrées, le débat public est réanimé avec les polémiques autour du méthylmercure, une molécule cousine. Le méthylmercure, toxique pour l’environnement, est présent sous forme de traces dans certains poissons par exemple, et génère de nombreux débats liées à la pollution industrielle. Les deux molécules étant proches, il est légitime de douter de la première. Il est à contrario intéressant de se rappeler que deux molécules proches peuvent avoir des propriétés très différentes: dans un verre de vin on trouve de l’éthanol, dont les dangers reconnus ne sont rien comparés à ceux du méthanol !
L’auteur explique ensuite qu’aux USA, en novembre 1997, une nouvelle réforme entre en vigueur: la Food and Drug Administration Modernization Act of 1997, qui demande à la FDA de faire état des quantités de mercure (et de tous ses dérivés) présents dans les aliments et les médicaments. Des demandes sont réalisées auprès de fabricants de vaccins contenant du Thiomersal, comme le vaccin DTP (Diphtérie – Tétanos – Poliomyélite). Une des conclusions est que dans certains cas, des enfants pourraient être exposés jusqu’à 187.5µg d’éthylmercure. Il est alors noté que cette quantité excède la norme de méthylmercure, sa molécule cousine, définie par une agence environnementale, la Environmental Protection Agency.
En 1999, un communiqué de l’American Academy Of Pediatrics et l’United States Public Health Service [48], mentionne d’abord que « Il existe une marge de sécurité significative incorporée dans toutes les limites acceptables d’exposition au mercure. En outre, il n’existe aucune donnée ou preuve d’un quelconque dommage causé par le niveau d’exposition auquel certains enfants ont pu être exposés en suivant le calendrier de vaccination existant. Les nourrissons et les enfants qui ont reçu des vaccins contenant du thiomersal n’ont pas besoin d’être testés pour l’exposition au mercure.».
Cependant, le communiqué mentionne ensuite: « Néanmoins, comme tout risque potentiel est préoccupant, le Service de santé publique des États-Unis (USPHS), l’Académie américaine de pédiatrie (AAP) et les fabricants de vaccins s’accordent à dire que les vaccins contenant du thiomersal devraient être retirés dès que possible. »
En vertu de ce « principe de précaution » , le thiomersal fut progressivement retiré du marché, dans les deux années qui ont suivi, pour la vaste majorité des vaccins administrés aux enfants de 6 ans ou moins (à l’exception de certains vaccins pour la grippe par exemple [49]). Si l’un des buts du retrait du Thiomersal était de rassurer, c’est un peu l’effet inverse qui s’est produit…
Et l’autisme dans cette histoire ? A partir de là, et sous l’influence de l’autre polémique avec Wakefield, un lien a été fait entre le thiomersal et l’autisme notamment par les communautés, associations et parents d’enfants. Ainsi, une des plus grandes origines est un article en juillet 2000 écrit entres autres par deux mères d’enfants autistes, Sally Bernard et Lyn Redwood [50], qui est publié dans Medical Hypotheses. Elles y concluent qu’en raison des nombreux parallèles entre les symptômes de l’autisme et de l’empoisonnement au mercure, la probabilité d’une relation de cause à effet est élevée.
Pour mesurer l’impact social de cette nouvelle rumeur, on pourra trouver cet article du New York Times « On Autism’s Cause, It’s Parents vs. Research » [51] qui, en juin 2005, explique: « Les parents ont intenté plus de 4 800 actions en justice – dont 200 rien qu’entre février et avril -, ont fait pression pour que les États et le gouvernement fédéral adoptent des lois interdisant le thiomersal et ont fait paraître des publicités d’une page entière dans les principaux journaux. Ils ont également obtenu le soutien d’hommes politiques, dont le sénateur Joseph I. Lieberman, démocrate du Connecticut, et les représentants Dan Burton, républicain de l’Indiana, et Dave Weldon, républicain de Floride. Robert F. Kennedy Jr. a écrit un article dans le numéro du 16 juin du magazine Rolling Stone, dans lequel il affirme que la plupart des études sur la question sont erronées et que les responsables de la santé publique conspirent avec les fabricants de médicaments pour dissimuler les dommages causés par le thiomersal.»
Avant de prendre nous-même panique, il serait avisé de faire une pause, et de regarder ce qu’en dit la science, non ?
Un verdict pour le Thiomersal ?
Tout d’abord, revenons sur cette ressemblance de symptômes entre empoisonnement au mercure et autisme. Dans un article de 2003 intitulé « Thimerosal and Autism » [52], les auteurs comparent les symptômes et résument « Des symptômes non spécifiques tels que l’anxiété, la dépression et les peurs irrationnelles peuvent apparaître à la fois dans l’empoisonnement au mercure et chez les enfants autistes, mais dans l’ensemble, le tableau clinique du mercure […] n’imite pas celui de l’autisme. Nous n’avons rencontré aucun cas dans lequel le diagnostic différentiel de ces deux troubles ait posé problème.»
Ensuite, le lecteur pourra remarquer que la courbe de l’autisme que nous avons présenté plus haut… continue d’augmenter largement après 2001, après le retrait du thiomersal donc. Mais ne nous arrêtons pas là.
En 2001, l’IOM (Institut de Médecine aux US) publie un rapport [53] sur la sécurité des vaccins contenant du Thiomersal. Ils rapportent un manque de données pour permettre de savoir s’il y a un lien de causalité ou dans quelle mesure ce lien contribuerait à la prévalence de l’autisme.
La même année, une évaluation des risques et revue des travaux liés au Thiomersal est conduite [54] et publiée dans le journal Pediatrics. S’ils notent que des effets cumulatifs de doses peuvent peut-être exister, ils concluent néanmoins: « Notre examen n’a révélé aucune preuve de nocivité des doses de thiomersal contenues dans les vaccins, à l’exception de réactions locales d’hypersensibilité.»
En 2003, une étude en cohorte rétrospective dans Pediatrics [55] se déroule en deux phases; dans un premier temps, elle cherche des associations entre l’exposition au Thiomersal et des troubles du développement chez 124 000 enfants, puis réévaluent les potentiels troubles identifiés sur 16 700 enfants. Leur conclusion: pas d’associations cohérentes ou significatives entre les vaccins au Thiomersal et des troubles neurodéveloppementaux.
La même année, une étude compare les prévalences de l’autisme en Californie, au Danemark et en Suède, avec l’exposition au Thiomersal [56]. Bien qu’au Danemark et en Suède, l’usage du Thiomersal dans les vaccins était déjà bas dans les années 70-80 et a été proscrit dans presque tous les vaccins en 1992, ils notent que la prévalence de l’autisme a pourtant continué d’augmenter. Ils concluent que les données ne sont pas compatibles avec l’hypothèse d’un lien de causalité.
Fin 2003, une autre étude en cohorte au Danemark[57], publiée dans la revue Journal of the American Medical Association, analyse des données sur tous les enfants nés entre 1990 et 1996 (soit 467 000 enfants) et compare ceux vaccinés avec un vaccin contenant du Thiomersal et les autres. Leur conclusion est la même.
En 2004 en revanche, de nouvelles études controversées voient le jour et sont fréquemment citées par les opposants à la vaccination, les études de Mark et son fils David Geier [58]. Ils suspectent à nouveau un lien…
Contrairement à Wakefield, je vais passer les détails de l’histoire des Geier car elle est de nouveau riche en rebondissements. Je citerai cependant un extrait du site Quackwatch et je mettrai les sources ici [59]: « En 2011, le Conseil des médecins de l’État du Maryland a sommairement suspendu la licence médicale de M. Geier. L’ordonnance […] indiquait qu’il avait fait de fausses déclarations sur ses qualifications, qu’il avait mis en place un comité d’examen institutionnel qui ne respectait pas les réglementations fédérales et de l’État, et qu’il avait prodigué des soins de qualité inférieure à neuf patients autistes. Pour six de ces patients, il a diagnostiqué de manière inappropriée une puberté précoce […] et a administré du Lupron, un médicament qui réduit la production de testostérone […] et qui est utilisé pour castrer les délinquants sexuels. Pour trois des patients, il a administré une thérapie de chélation inappropriée. L’ordonnance […] a été confirmée par la suite et les neuf autres États dans lesquels il était autorisé à exercer ont suspendu sa licence en attendant la résolution des accusations portées contre lui dans le Maryland.»
Concernant leurs études en elles-mêmes, on peut voir une revue de la littérature scientifique en Mai 2004 par l’IOM[60], qui porte sur plus de 200 études existantes ! Concernant celles des Geier, ils considèrent qu’elles « …présentent de graves lacunes méthodologiques et leurs méthodes d’analyse n’étaient pas transparentes, ce qui rendait leurs résultats ininterprétables». Leur conclusion globale sur le thiomersal: « Ainsi, sur la base de cet ensemble de preuves, le comité conclut que les éléments de preuve plaident en faveur du rejet d’une relation de cause à effet entre les vaccins contenant du thiomersal et l’autisme».
Une autre revue critique en 2004 dans Pediatrics aura la même conclusion [61]. La liste continue les années suivantes mais rappelons juste la méta-analyse de 2014 sur le ROR [36] puisque portant aussi sur le Thiomersal.
Tour à tour, la situation est claire pour les différents organismes en jeu:
- U.S. Public Health Service & American Academy of Pediatrics [48]
- Food and Drug Administration, avec une longue liste d’études sur leur site [62]
- Institute of Medicine [60]
- Organisation Mondiale de la Santé, conclusion de 2003: [63]
- Center for Disease Control and Prevention [64]
Encore une fois je n’ai parlé que des travaux importants, mais la conclusion s’impose: il n’y a très certainement aucun lien de causalité entre Thiomersal et l’autisme.
L’administration de plusieurs vaccins
L’hypothèse qui nous intéresse ici est que l’administration de plusieurs vaccins en même temps puisse affaiblir ou submerger le système immunitaire, ce qui affecterait le système nerveux et déclencherait au final l’autisme. Essayons d’être bref !
Si l’hypothèse existait déjà vaguement avant (rappelons-nous la conférence de Wakefield[22] où l’idée est évoquée), c’est surtout suite au cas atypique de Hannah Poling qu’elle a gagné en popularité. Hannah Poling est la fille de Jon et Terry Poling. Née en 1999, elle prend du retard sur son calendrier vaccinal suite à des infections à l’oreille [65], ce qui l’amène à ses 19 mois à recevoir 5 vaccins d’un coup: Les vaccins DTaP (Diphtérie, tétanos et coqueluche acellulaire), HIB (méningite bactérienne), ROR, ainsi qu’un pour la Varicelle et un dernier pour la Poliomyélite.
Dans un article de 2008[66], le pédiatre Paul A. Offit résume: « À l’époque, Hannah était interactive, enjouée et communicative. Deux jours plus tard, elle était léthargique, irritable et fébrile. Dix jours après la vaccination, elle a développé une éruption cutanée correspondant à une varicelle induite par le vaccin. Des mois plus tard, avec des retards de développement neurologique et psychologique, on a diagnostiqué chez Hannah une encéphalopathie causée par un déficit d’enzymes mitochondriales. Hannah présentait notamment des problèmes de langage, de communication et de comportement, qui sont autant de caractéristiques des troubles du spectre autistique.»
Les parents montent un dossier et gagnent un procès en 2008, information qui ne manque pas d’être reprise par les mouvements anti-vaccination. La court détermine [65] que le trouble mitochondrial était une condition préexistante qui explique que Hannah ait mal réagit aux vaccins. Pourtant, il reste certaines zones floues. Par exemple:
- Le docteur qui a identifié les symptômes, John Shoffner, considère qu’il n’est pas possible de savoir si le déficit d’enzymes était une condition génétique préexistantes à la vaccination ou non.
- La United Mitochondrial Disease Foundation affirmera que « Aucune étude scientifique ne prouve que les vaccinations infantiles provoquent des maladies mitochondriales ou en aggravent les symptômes.»
- Dans son article, Paul A. Offit rappelle que « Hannah Poling avait manifestement des difficultés de langage, d’élocution et de communication. Mais les caractéristiques de son état considérées comme autistiques faisaient partie d’une encéphalopathie globale causée par un déficit enzymatique mitochondrial. Le syndrome de Rett, la sclérose tubéreuse, le syndrome de l’X fragile et le syndrome de Down chez l’enfant peuvent également présenter des caractéristiques autistiques.» Et qu’il est donc douteux de relier immédiatement son cas à de l’autisme.
S’il est difficile d’établir des conclusions définitives sur un cas aussi atypique, on peut examiner la plausibilité biologique d’un trop-plein de vaccins. Ainsi, en revenant sur l’article de 2009 « Vaccines and Autism: A Tale of Shifting Hypotheses » [11], on apprend plusieurs choses intéressantes:
- Le système immunitaire de nouveau-nés est capable de générer une grande variété de réponses et même les estimations basses parlent d’une capacité théorique de milliers de vaccins simultanés [67]. Paul Offit explique dans une vidéo [68] que le nombre de composants immunologiques rencontrés par un enfant au travers de la vaccination (protéines virales, etc) est une goutte d’eau dans l’océan de ceux rencontrés dans la vie de tous les jours lors de ses premières années (virus, bactéries, etc).
- La combinaison de vaccins donne une réponse immunitaire semblable à celle qui est obtenue par des vaccins séparés.
- La vaccination multiple n’affaiblit pas le système immunitaire ni ne le rendrait plus vulnérable à d’autres infections [69].
Terminons par mentionner une étude cas témoin de 2013 [70] qui s’attache à comparer la prévalence de l’autisme et le niveau de stimulation immunologique chez des enfants durant leurs 2 premières années, et conclue: « …l’augmentation de l’exposition aux protéines stimulant les anticorps et aux polysaccharides contenus dans les vaccins au cours des deux premières années de vie n’était pas liée au risque de développer un TSA.»
A nouveau, je n’ai pas mentionné tous les travaux sur le sujet, mais il semble donc très improbable qu’un tel lien soit avéré.
Les adjuvants à base d’aluminium, une conclusion plus incertaine ?
Je tenais à mentionner une dernière hypothèse qui est un peu moins documentée, celle des adjuvants à base d’aluminium, car elle a pas mal tourné dans l’internet français.
Un adjuvant est un composant de nombreux vaccins inactivés qui permet d’améliorer la réaction du système immunitaire et de diminuer le nombre de doses requises. Les principaux adjuvants utilisés dans le monde sont certains sels d’aluminium [71]. Une fois de plus il est intéressant de noter que ceux-ci ne sont pas présents dans les vaccins à virus atténués comme le ROR, rendant caduc certains arguments anti-vaccination vus en masse [72] (et quand bien même c’était le cas, nous avons vu au travers de nombreuses études l’absence de lien ROR – autisme).
L’idée est un peu la même que le mercure: si l’aluminium est dangereux pour l’homme à une certaine dose, alors pourquoi les sels d’aluminium présents dans certains vaccins ne le seraient pas ? On pourra trouver quelques travaux évoquant un lien, notamment une étude écologique de 2011 qui a fait parler d’elle : « Do aluminum vaccine adjuvants contribute to the rising prevalence of autism?« [73]. Ils concluent à une corrélation et même un possible lien de causalité entre prévalence de l’autisme et adjuvants à base d’aluminium.
Ils nuancent tout de même: « Il est clair que nous ne pouvons pas tirer de conclusions définitives concernant le lien entre les adjuvants de l’aluminium et l’autisme sur la base d’une étude écologique telle que celle-ci, et la validité de nos résultats reste donc à confirmer. Une étude cas-témoins avec un examen détaillé des carnets de vaccination et des mesures de la charge corporelle en aluminium […] constituerait un pas en avant vers cet objectif.»
Mentionnons aussi une revue de 2021 qui aborde certains travaux comme les études corrélationnelles et animales, et arrive à une conclusion similaire [74].
A contrario, on peut aussi voir d’autres travaux. Ainsi, depuis 1999, des évaluations de différents adjuvants par la Global Advisory Committee for Vaccine Safety (GACVS) sont réalisées sur le sujet. Ils parlent notamment de la première étude présentée ci-dessus dans leur rapport de 2012 [75] et arrive à deux conclusions:
- Ils considèrent l’étude comme possédant des failles méthodologiques et que par sa nature (étude écologique) il n’est pas possible de conclure à une causalité.
- Ils ont conduit une revue de l’évaluation des risques des adjuvants par la FDA, concluant: « L’analyse de la FDA indique que la charge corporelle d’aluminium après l’injection de vaccins contenant de l’aluminium ne dépasse jamais les seuils réglementaires américains de sécurité basés sur l’aluminium ingéré par voie orale, même pour les nourrissons de faible poids à la naissance. »
En outre, on pourra trouver plusieurs articles de synthèse assez récents qui se veulent plutôt rassurants: « Vaccine Safety: Myths and Misinformation » (2020) [76], « Vaccine safety issues at the turn of the 21st century » (2021) [77] et « Review: Vaccine Myth-Buster – Cleaning Up With Prejudices and Dangerous Misinformation » (2021) [78].
On y apprend entre autres que :
- Les doses d’aluminium issues de la vaccination infantile sont inférieures aux normes maximales définies par l’Agence pour le registre des substances toxiques et des maladies.
- Des résultats de 2017 montrent que la concentration en l’aluminium du sang et des cheveux n’est pas corrélée avec l’historique vaccinal des sujets [79].
- Une étude de 2011 [80] évalue la toxicité des adjuvants contenant de l’aluminium et conclue « Nous concluons que les expositions épisodiques aux vaccins contenant un adjuvant en aluminium continuent de présenter un risque extrêmement faible pour les nourrissons et que les avantages de l’utilisation de vaccins contenant un adjuvant en aluminium l’emportent sur les préoccupations théoriques. »
Pensons enfin à l’avis favorable de la FDA sur le sujet et au rapport sur les adjuvants de l’académie nationale de Pharmacie de 2016[81], également rassurants, même si l’autisme n’est pas précisément abordé…
Devant ces données, que conclure pour notre hypothèse? Si elle est à nouveau improbable, il m’apparait néanmoins douteux de nier le manque d’études de grande qualité sur ce sujet précis (design, échantillons, groupe de contrôle, etc). Peut-être existe-t-il malgré tout un effet mineur, qui sait ? Cela étant dit, il me semble clair qu’il est malhonnête de prétendre que le lien entre adjuvants à l’aluminium et autisme est fondé ou probable. Rappelons enfin que se baser sur la corrélation entre l’augmentation de l’autisme et les vaccins sans mentionner que la majeure partie de cette augmentation est une illusion semble également malhonnête (ou maladroit).
Pour être complet (et aussi parce que, étonnamment, ça va être un peu amusant), je vais vous parler brièvement d’une liste qui a beaucoup tourné dans les réseaux sociaux et qui collecte toutes les études sensées prouver un lien de causalité entre vaccins et autisme: la liste de Ginger Taylor. Mon but n’est pas de parler du pire des arguments « antivax » et de prétendre qu’il n’y a que cela, mais plutôt de montrer à quel degré de mauvaise foi on peut arriver quand on veut donner à ses propos une crédibilité scientifique.
La meilleure ressource pour en parler est un article sur le blog The Logic Of Science, Vaccines and autism: A thorough review of the evidence (2019 update). La liste dont il est sujet évolue en permanence donc je ne vous parlerai que de sa version de 2019 qui comptait 157 études. Effrayant non ?
Dans son article, il s’attache d’abord à analyser les études montrant une absence de lien et cite par exemple 7 revues systématiques, ainsi que la méta-analyse de 2014 dont nous avons parlé[36]. Il explique que de nombreux travaux se trouvent vers le haut de la pyramide et portent sur de grands échantillons de personnes. On peut donc voir à nouveau la robustesse du corpus scientifique sur le sujet.
Il passe ensuite à la partie « anti-vaccins » et explique ses découvertes concernant la fameuse liste de Ginger Taylor. Et là, accrochez-vous: « […] 33 d’entre elles ne concernaient pas l’autisme, 82 (plus de la moitié) ne concernaient pas les vaccins, 41 étaient des essais sur des animaux ou des études in vitro (qui sont des modèles faibles dont l’applicabilité à l’homme est limitée, en particulier pour quelque chose comme l’autisme)».
Ce n’est pas une blague. Certaines sont complètement lunaires, par exemple une des études de la liste parle d’un lien entre naissance prématurée et autisme [82]… pas sûr que ça prouve grand-chose concernant les vaccins… J’ai vérifié la version 2024, on la retrouve toujours ! Notons aussi que parmi les essais sur animaux se trouve des études préliminaires sur des singes, financées par SafeMinds (une organisation soutenant le lien vaccin/autisme), et qui ont finalement aboutit à conclure à une… absence de lien… Anti-Vaxxers Accidentally Fund a Study Showing No Link Between Autism and Vaccines.
Il résume ensuite que sur les 160 études: « 60 portaient sur une forme de mercure qui n’a jamais été présente dans les vaccins ou le thiomersal (qui n’est d’ailleurs plus présent dans les vaccins pour enfants depuis près de vingt ans), 9 étaient des rapports de cas, des résumés de conférence, des articles d’opinion ou d’autres documents ne relevant pas de la recherche, et 37 étaient des analyses non systématiques (dont 8 seulement étaient pertinentes par rapport au sujet traité[…]).»
Enfin, sur celles restantes: « Seuls 14 des articles étaient en fait des études sur l’homme en rapport avec l’autisme et le calendrier vaccinal actuel, mais aucune de ces études n’était de grande envergure, toutes étaient des études d’association, et la plupart d’entre elles présentaient de graves lacunes. En outre, nombre d’entre elles s’appuyaient sur l’idée que les taux d’autisme augmentent, alors qu’il existe un grand nombre de preuves que cette augmentation est largement (voire entièrement) due à des changements dans la manière de diagnostiquer l’autisme […] Enfin (et c’est le plus amusant), l’une de ces 14 études était en fait une étude pro-vaccinale qui contredisait directement les résultats de deux des autres études.».
Je vous laisse parcourir plus en détail son article, mais je pense pouvoir dire à minima que le degré de soin risible apporté à cette liste suffit à lui seul à montrer le niveau d’incompétence (en étant charitable) ou de tromperie (pour être plus réaliste) que certains déploient pour justifier leurs propos. De surcroit, sur autant d’années, il n’est pas surprenant d’avoir certaines études contraires au consensus sur le sujet, ne serait-ce que par simple aléa statistique. Cela doit nous rappeler l’importance de la méthode, des études sur de larges échantillons de sujets et des revues systématiques.
Certains des lecteurs courageux (ou fous) qui seraient arrivés jusqu’ici pourraient relativiser et se dire que ce genre de désinformation n’est au final pas si grave. Il est donc temps de faire un tour d’horizon de quelques impacts vraisemblables que cette rumeur qui dure depuis 26 ans a pu avoir, quoi qu’il soit impossible d’en dresser les contours. Gardons en tête qu’il est simpliste de juste relier les points et de dire « cet évènement explique assurément ces effets ».
Commençons par le Royaume-Uni, après les polémiques de Wakefield. Référons-nous à un ouvrage présent en ligne « Vaccinating Britain: Mass vaccination and the public since the Second World War »[83]. L’auteur présente un graphe intéressant sur le taux de vaccination du ROR:
Pourcentage d’enfants ayant reçu la première dose de ROR avant l’âge de 24 mois à Londres, dans le reste de l’Angleterre et en Écosse, 1999-2000, 2015-16. Depuis « Vaccinating Britain: Mass vaccination and the public since the Second World War »
On peut apercevoir une baisse significative des vaccinations de nouveau-nés. L’auteur la relie aux rumeurs sur le vaccin initiées par l’étude de Wakefield et nuance : « Le taux moyen de prise du ROR en Angleterre est passé de 91,8 % en 1996 à 79,9 % en 2004, mais il n’est tombé en dessous de 80 % que dans trois régions anglaises, et les taux sont restés stables ailleurs au Royaume-Uni. »
On pourra aussi noter une augmentation des cas de rougeoles avec, par exemple en 2006, 449 cas avec la première mort depuis 1992 [84].
Aux USA, des réticences vaccinales prononcées concernant le vaccin ROR ont pu être remarquées dans les communautés Somali du Minnesota, autour de la ville de Minneapolis. Elles sont alimentées par différents activistes anti-vaccination, avec des prises de paroles d’Andrew Wakefield lui-même. En 2004, le taux de vaccination y était de 92%, en 2014 de 42%. Cela conduit à la pire épidémie de rougeole aux US en 2017 depuis des décennies [85].
Un sondage de 2019 révélait que 10% des américains (USA) continuaient de penser que les vaccins avaient un lien avec l’autisme [86].
En Europe, outre le Royaume-Uni, les impacts se font aussi sentir. En France, des figures de proues des mouvements anti-vaccination apparaissent, comme le Professeur Henri Joyeux ou le Professeur Luc Montagnier (un ancien Prix Nobel, il a donc forcément raison, n’est-ce pas…), faisant fleurir de nouvelles arborescences d’informations anxiogènes [87].
Les effets apparaissent dans de nombreux pays et notamment en Roumanie, comme le mentionne cet article de 2017 Rougeole : Le cas symptomatique de la Roumanie. « Alors que la Roumanie avait une couverture ROR de 94% en 2012, une campagne de désinformation massive dirigée par un célèbre couple de télévision local, Olivia Steer et Andi Moisescu, et soutenue par certains groupes religieux, a débuté. La couverture a commencé à tomber, à 89% en 2014 et à 83% en 2015. L’estimation pour 2016 est inférieure à 80%, même 70% dans certaines régions de l’Ouest. Ce sont exactement les régions les plus touchées par cette épidémie. » « Plus de 6600 personnes ont été contaminées. 97% d’entre elles n’étaient pas vaccinées. » Olivia Steer et Andi Moisescu sont alors influencés par l’hypothèse sur l’aluminium, comme on peut le voir dans cet article (en roumain !).
Je n’ai cité que quelques exemples mais en réalité, il est raisonnable de considérer que cette croyance est un des piliers majeurs ayant initié les mouvements anti-vaccination actuels. Par conséquence, il y a aussi beaucoup d’effets collatéraux plus subtils qu’il est complexe de repérer. En 2024, on remarque toujours des recrudescences de rougeole suite à des baisses de couvertures vaccinales [88].
On pourrait continuer, il y aurait tellement à en dire, mais je pense qu’il est enfin temps de dresser un bilan sur ce que nous avons vu.
Pendant notre périple, nous avons tenté de remonter aux origines de la rumeur comme quoi les vaccins, et en particulier le ROR, auraient une forme de lien de causalité avec les troubles du spectre de l’autisme.
Nous avons d’abord voulu comprendre pourquoi cette idée est apparue. Certaines raisons générales expliquent une défiance envers les vaccins, comme la perte de confiance envers des institutions sanitaires. Mais il y a également le constat d’une grande augmentation des diagnostics d’autisme, surtout depuis les années 90. Nous avons pourtant vu que, grâce à différents travaux, cette augmentation apparente est au moins dans sa grande majorité, une illusion. Il semble clair que certains facteurs comme les changements de définitions de l’autisme, de méthodologie de comptabilisations des cas, de pratiques diagnostiques ou les détections plus précoces, peuvent largement l’expliquer.
Nous avons ensuite vu que l’essor et la popularité de cette rumeur sur les vaccins s’est faite au travers de 3 hypothèses principales, auxquelles j’ai ajouté une quatrième plus minoritaire. Ces hypothèses ont évolué et se sont répandues au gré des médias et réseaux sociaux.
La première, c’est celle du vaccin ROR. Nous avons vu qu’elle tient son origine d’une étude mineure de 1998 dont l’auteur principal est Andrew Wakefield, un ancien chirurgien britannique. Nous avons d’abord conclu, au travers de nombreuses études de grande qualité, que le lien ROR – autisme était largement infondé. Nous avons ensuite vu que l’étude originelle était frauduleuse, menant à sa rétractation et à ce que Wakefield soit radié de l’ordre des médecins.
La deuxième, c’est celle du Thiomersal, un conservateur absent du ROR. Nous avons vu que la rumeur venait d’abord d’une peur des effets du mercure, puisque toxique sous certaines formes. Elle vient ensuite de la peur provoquée par le retrait du Thiomersal des vaccins en 2001 qui s’était fait sur la base d’un principe de précaution. Enfin, elle vient des groupes de parents et associations sur l’autisme. Nous avons également vu de très nombreux travaux discréditant cette hypothèse.
La troisième, c’est celle des vaccinations simultanées, sensées submerger ou affaiblir le système immunitaire. Nous avons vu que l’origine de cette hypothèse venait principalement du cas de Hannah Poling, une fillette ayant mal réagit à 5 vaccins simultanés. S’il est compliqué de pouvoir conclure depuis un cas aussi atypique, nous avons néanmoins cité différents travaux montrant que l’hypothèse était à nouveau peu réaliste.
La quatrième est celle des adjuvants à base d’aluminium, également absents du ROR. Comme le thiomersal, cette peur vient notamment du fait que l’aluminium est dangereux sous certaines formes ou quantités. Nous avons néanmoins vu, concernant les sels d’aluminiums des vaccins, que les quelques études incriminantes étaient peu robustes. Nous avons ensuite montrés différents autres travaux plutôt rassurants. Si nous avons perçu un besoin de réaliser des études au meilleur design sur ce sujet précis, il nous a semblé clair qu’il était malhonnête de prétendre qu’un tel lien soit fondé.
Il existe d’autres hypothèses minoritaires qui sont nées sur les réseaux sociaux. Cependant, il me semble impératif de rappeler que comme l’un des grands moteurs de ces différentes rumeurs étant toujours une « épidémie d’autisme qui n’en est pas une », il m’apparait absurde de continuer à chercher d’autres hypothèses.
Nous avons ensuite voulu être complet concernant la robustesse du corpus scientifique, en regardant l’analyse d’une liste sensée contenir toutes les études montrant un lien vaccin/autisme. Nous avons ainsi constaté qu’en plus d’être l’un des pires arguments antivaccins, cette liste révèle la mauvaise foi et la tromperie que certains sont prêts à déployer pour donner un crédit scientifique à leurs propos. Nous avons aussi rappelé l’importance de la pyramide des preuves.
Enfin, nous avons vu brièvement quelques impacts que cette rumeur a pu avoir sur la réticence vaccinale et les cas de rougeole dans le monde.
Nous aurions pu parler encore de nombreuses choses :
- Les dimensions psychologiques et sociologiques liées aux croyances en jeu
- L’argument de la corruption ou des motifs financiers (« Big Pharma »)
- Les différentes autres rumeurs liées aux vaccins, plus ou moins liées à celle qui nous intéressait
- Entrer plus en détail sur les couvertures médiatiques ou les différents procès
- Parler davantage des personnages publics, figures de proues des mouvements antivaccins à travers le monde
- Parler plus en avant des différentes dérives, des pseudo-thérapies qui ont vu le jour pour « soigner l’autisme », poussant toujours un peu plus le narratif comme quoi ce serait une maladie…
Mais il est temps de conclure. A l’heure actuelle, cette rumeur est en total désaccord avec le consensus scientifique et prétendre le contraire serait malhonnête. Si l’on souhaite être certain à 100% avant d’arrêter d’y croire, cela n’arrivera jamais. Le monde est trop complexe et ce serait se bercer d’illusion d’obtenir une telle certitude. En revanche, si l’on raisonne en termes de « vraisemblance », il me parait absurde de persister dans le déni. Par ailleurs, on sait actuellement que la génétique est l’un des grands facteurs en jeu dans le développement des troubles du spectre autistique [89]. Si certains facteurs environnementaux peuvent également jouer un rôle, il semble rationnel de conclure que les vaccins sont à écarter de l’équation ! 😀
Une blague qui a beaucoup tourné, peut-être même un peu trop…
Réflexions personnelles, remarques et épilogue
- Les médias et réseaux sociaux sont dans une temporalité complètement différente de celle des sciences. Le temps de réaliser des études pour confirmer ou infirmer une rumeur, le train est déjà parti. Aussi raisonnable ait été la peur des parents pour leurs enfants, il aurait été avisé d’être moins prompt à conclure et plus enclin à changer d’avis en cours de route.
- Si tout était à refaire de manière ordonnée, il serait judicieux de s’assurer de la réalité de l’épidémie d’autisme d’abord, et de montrer avec certitude un lien entre celle-ci et les vaccins, avant de continuer à multiplier les hypothèses explicatives.
- Nos techniques évoluant avec le temps, il n’est pas surprenant que plusieurs paramètres liés à la santé évoluent ensemble, comme les pratiques de détection de l’autisme et les taux de vaccination, ça ne veut pas dire que l’un cause l’autre ou vice versa d’ailleurs. Corrélation ne veut pas dire causalité.
- J’ai pu évoquer des termes tels que « antivax » par simplicité ou abus de langage, mais il est clair que nos croyances sont sur un continuum. Certaines informations ou croyances nous parlent plus que d’autres, et il serait réducteur de voir tout au travers d’un conflit pro vs anti. On veut tous un bon système de santé pour nous et nos proches.
- Il m’apparait étonnant que certains soient à la fois antisystème, en contestant le consensus scientifique et portant des accusations de corruption, et à la fois veulent se donner du crédit en rassemblant les études contraires.
- Il me parait absurde d’avoir longtemps continué d’inculper le Thiomersal quand celui-ci a été retiré de quasiment tous les vaccins… et que les courbes de prévalence de l’autisme continuaient de croître…
- Il me semble lunaire de continuer de suivre Wakefield quand des preuves de fraude sont apparues. On ne peut que s’étonner que certains si prompts à dénoncer la manipulation, soient aussi réfractaires à la croire lorsqu’elle est révélée. Wakefield et son statut de martyr, qui combattrait le « système », est loin d’être le seul exemple de l’histoire…
- Je trouve enfin désolant de soutenir l’hypothèse de l’aluminium ou du Thiomersal en la reliant au ROR, alors même qu’il n’en contient ni l’un ni l’autre.
- A partir de combien de preuves est-on susceptible d’être convaincu ? 5 ? 10 ? 1000 ? Si on a tort, qu’est-ce qui pourrait nous faire changer d’avis ? (ça vaut pour nous tous)
- Ce n’est pas à la justice, aux médias, aux réseaux sociaux, à des parents, à des associations ou à des blogs amateurs tels que celui-ci, de donner un fin mot à ce genre d’histoire. Apprenons l’humilité et laissons faire leur boulot aux gens dont c’est le métier. Les connaissances avancent, doucement, mais sûrement.
26 ans de polémiques et ce n’est qu’un arbre parmi une forêt de désinformations. 26 ans et cette rumeur est toujours dans les esprits, tapie dans l’ombre. Elle sert de support idéologique pour de nombreuses autres rumeurs du même acabit.
Peut-être est-il temps, au moins pour cette fois, d’arrêter les frais, non ?
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Voilà ! J’espère que cet article beaucoup trop long aura été utile ou intéressant. J’espère également que les sources fournies permettront à chacun d’approfondir ce qu’il souhaite. J’ai en tout cas pris beaucoup de plaisir à l’écrire, malgré le temps investi et les difficultés rencontrées. Le sujet est tellement dense qu’on pourrait en dire encore beaucoup, beaucoup plus. Malgré mes nombreuses vérifications, je n’ai nul doute que j’ai dû faire quelques erreurs ou imprécisions, donc n’hésitez pas à me les signaler pour que je puisse améliorer l’article au fil du temps. Et merci de ne pas m’incendier dans les commentaires, le sujet étant… sensible. Sur ce, je vais faire une pause moi…
« Cette brume n’en finit pas »
« Rentrons chez nous »
Un illustre inconnu
Glossaire:
DSM : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux – Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders
CIM – ICD : Classification internationale des maladies – International Classification of Diseases
CDC : Center for Disease Control and Prevention
FDA : Food and Drug Administration
ROR – MMR : Rougeole, Rubéole & Oreillons – Measles, Mumps & Rubella
DTP : Diphtérie, Tétanos & Poliomyélite – Diphtheria, Tetanus & Pertussis
IOM: Institute of Medicine (nommé maintenant National Academy of Medicine)
OMS – WHO: Organisation Mondiale de la Santé – World Health Organization
USPHS: U.S. Public Health Service
AAP: American Academy of Pediatrics
TSA: Trouble du Spectre de l’Autisme
Sources principales:
Stanley Plotkin, Jeffrey S. Gerber & Paul A. Offit (2009) Vaccines and Autism: A Tale of Shifting Hypotheses Lien vers l’article
Healthcare triage: https://theincidentaleconomist.com/wordpress/healthcare-triage-vaccines-and-autism/
Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Controverse_sur_le_r%C3%B4le_de_la_vaccination_dans_l%27autisme & sources associées
Paul A. Offit: https://lbihealth.com/wp-content/uploads/2018/03/vaccines-autism.pdf
Afis: https://www.afis.org/L-affaire-du-docteur-Andrew-Wakefield-les-faits
Timelines:
https://www.theguardian.com/society/2010/jan/28/mmr-doctor-timeline
https://www.bmj.com/content/bmj/342/bmj.c5258/F5.large.jpg?width=800&height=600
https://www.cdc.gov/vaccinesafety/concerns/thimerosal/timeline.html
Brian Deer summary : https://briandeer.com/mmr/lancet-summary.htm
Frank Ramus: https://theconversation.com/peut-on-parler-dune-epidemie-dautisme-73261
Slate: https://slate.com/technology/2010/06/andrew-wakefield-tried-to-connect-the-mmr-vaccine-to-crohn-s-before-implicating-it-in-autism.htm
Autres sources:
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Vaccinations_mortelles_de_L%C3%BCbeck
[2] https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/8-mai-1980-la-variole-est-officiellement-eradiquee
[3] https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/08/01/comment-les-vaccins-ont-durablement-fait-reculer-les-maladies_5167442_4355770.html
– Andrew J. Pollard & Else M. Bijker (2020), A guide to vaccinology: from basic principles to new developments
lien vers une des infographies: https://www.nature.com/articles/s41577-020-00479-7/figures/1
– également sur le site du CDC: https://www.cdc.gov/vaccines/parents/diseases/forgot-14-diseases.html
[4] https://theconversation.com/peut-on-parler-dune-epidemie-dautisme-73261
[5] https://www.cdc.gov/ncbddd/autism/data.html
[6] Stefan N Hansen, Diana E Schendel, Erik T Parner (2015), Explaining the increase in the prevalence of autism spectrum disorders: the proportion attributable to changes in reporting practices. Lien vers l’article
[7] Sebastian Lundström, Abraham Reichenberg, Henrik Anckarsäter, Paul Lichtenstein, Christopher Gillberg (2015), Autism phenotype versus registered diagnosis in Swedish children: prevalence trends over 10 years in general population samples. Lien vers l’article
[8] – Rutter (2005) Incidence of autism spectrum disorders: changes over time and their meaning Lien vers l’article
– B Taylor (2006) Vaccines and the changing epidemiology of autism Lien vers l’article
– Dorothy V M Bishop, Andrew J O Whitehouse, Helen J Watt, Elizabeth A Line (2008) Autism and diagnostic substitution: evidence from a study of adults with a history of developmental language disorder Lien vers l’article
– A. J. Baxter, T. S. Brugha, H. E. Erskine, R. W. Scheurer, T. Vos, J. G. Scott (2014) The epidemiology and global burden of autism spectrum disorders Lien vers l’article
[9] Jinan Zeidan, Eric Fombonne, Julie Scorah, Alaa Ibrahim, Maureen S. Durkin, Shekhar Saxena, Afiqah Yusuf, Andy Shih and Mayada Elsabbagh (2022) Global prevalence of autism: A systematic review update Lien vers l’article
[10] Lidia V. Gabis, Odelia Leon Attia, Mia Goldman, Noy Barak, Paula Tefera, Shahar Shefer, Meirav Shaham, Tally Lerman-Sagie (2021) The myth of vaccination and autism spectrum Lien vers l’article
[11] Stanley Plotkin, Jeffrey S. Gerber and Paul A. Offit (2009) Vaccines and Autism: A Tale of Shifting Hypotheses Lien vers l’article
[12] A. J. Wakefield, R. M. Pittilo, R. Sim, S. L. Cosby, J. R. Stephenson, A. P. Dhillon, R. E. Pounder (1993) Evidence of persistent measles virus infection in Crohn’s disease Lien vers l’article
[13] A Ekbom, Prof H.O Adami, Aj Wakefield, M Zack (1994) Perinatal measles infection and subsequent Crohn’s disease Lien vers l’article,
N.P Thompson, Prof R.E Pounder, A.J Wakefield, S.M Montgomery (1995) Is measles vaccination a risk factor for inflammatory bowel disease? Lien vers l’article
[14] https://slate.com/technology/2010/06/andrew-wakefield-tried-to-connect-the-mmr-vaccine-to-crohn-s-before-implicating-it-in-autism.html
[15] Y Haga, O Funakoshi, K Kuroe, K Kanazawa, H Nakajima, H Saito, Y Murata, A Munakata, and Y Yoshida (1996) Absence of measles viral genomic sequence in intestinal tissues from Crohn’s disease by nested polymerase chain reaction Lien vers l’article
[16] Jane Metcalf (1998) Is measles infection associated with Crohn’s disease? Lien vers l’article
[17] Morbidity and mortality weekly report (22 Mai 1998) Conclusion en page 27. https://www.cdc.gov/mmwr/pdf/rr/rr4708.pdf
[18] https://www.sehd.scot.nhs.uk/cmo/CMO(1998)08.pdf
[19] M. Iizukaa, M. Chibaa, M. Yukawaa, T. Nakagomib, T. Fukushimac, S. Watanabea, O. Nakagomib (2000) Immunohistochemical analysis of the distribution of measles related antigen in the intestinal mucosa in inflammatory bowel disease Lien vers l’article,
Douglas J. Robertson and Robert S. Sandler (2001) Measles Virus and Crohn’s Disease: A Critical Appraisal of the Current Literature Lien vers l’article
[20] AJ Wakefield, SH Murch, A Anthony, J Linnell, DM Casson, M Malik, M Berelowitz, AP Dhillon, MA Thomson, P Harvey, A Valentine, SE Davies, JA Walker-Smith (1998) Ileal-lymphoid-nodular hyperplasia, non-specific colitis, and pervasive developmental disorder in children Lien vers l’article
[21] Brian Deer (2010) Wakefield’s “autistic enterocolitis” under the microscope Lien vers l’article
[22] https://www.theguardian.com/society/2004/feb/24/publichealth.uknews
[23] Michael Davidson (2017) Vaccination as a cause of autism—myths and controversies Lien vers l’article
[24] Heikki Peltola, Annamari Patja, Pauli Leinikki, Martti Valle, Irja Davidkin, Mikko Paunio (1998) No evidence for measles, mumps, and rubella vaccine-associated inflammatory bowel disease or autism in a 14-year prospective study Lien vers l’article
[25] B Taylor, E Miller, C P Farrington, M C Petropoulos, I Favot-Mayaud, J Li, P A Waight (1999) Autism and measles, mumps, and rubella vaccine: no epidemiological evidence for a causal association Lien vers l’article
[26] L Dales, S J Hammer, N J Smith (2001) Time trends in autism and in MMR immunization coverage in California Lien vers l’article
[27] V Uhlmann, C M Martin, O Sheils, L Pilkington, I Silva, A Killalea, S B Murch, J Walker-Smith, M Thomson, A J Wakefield, and J J O’Leary (2002) Potential viral pathogenic mechanism for new variant inflammatory bowel disease Lien vers l’article
[28] Brent Taylor, Elizabeth Miller, Raghu Lingam, Nick Andrews, Andrea Simmons, Julia Stowe (2002) Measles, mumps, and rubella vaccination and bowel problems or developmental regression in children with autism: population study Lien vers l’article
[29] Kreesten Meldgaard Madsen, Anders Hviid, Mogens Vestergaard, Diana Schendel, Jan Wohlfahrt, Poul Thorsen, Jørn Olsen, Mads Melbye (2002) A population-based study of measles, mumps, and rubella vaccination and autism Lien vers l’article
[30] Annamari Mäkelä, J Pekka Nuorti, Heikki Peltola (2002) Neurologic disorders after measles-mumps-rubella vaccination Lien vers l’article
[31] Tom Jefferson, Deirdre Price, Vittorio Demicheli, Elvira Bianco (2003) Unintended events following immunization with MMR: a systematic review Lien vers l’article
[32] Liam Smeeth, Claire Cook, Eric Fombonne, Lisa Heavey, Laura C Rodrigues, Peter G Smith, Andrew J Hall (2004) MMR vaccination and pervasive developmental disorders: a case-control study Lien vers l’article
[33] Hideo Honda, Yasuo Shimizu, Michael Rutter (2005) No effect of MMR withdrawal on the incidence of autism: a total population study Lien vers l’article
[34] T Jefferson, D Price, V Demicheli, A Rivetti (2005) Vaccines for measles, mumps and rubella in children Lien vers l’article
[35] Vittorio Demicheli, Alessandro Rivetti, Maria Grazia Debalini, Carlo Di Pietrantonj (2012) Vaccines for measles, mumps and rubella in children Lien vers l’article
[36] Luke E Taylor, Amy L Swerdfeger et Guy D Eslick (2014) Vaccines are not associated with autism: an evidence-based meta-analysis of case-control and cohort studies Lien vers l’article
[37] Anders Hviid, Jørgen Vinsløv Hansen, Morten Frisch, and Mads Melbye (2019) Measles, Mumps, Rubella Vaccination and Autism: A Nationwide Cohort Study Lien vers l’article
[38] https://lbihealth.com/wp-content/uploads/2018/03/vaccines-autism.pdf
[39] https://www.theguardian.com/society/2010/jan/28/mmr-doctor-timeline + https://www.bmj.com/content/bmj/342/bmj.c5258/F5.large.jpg?width=800&height=600
Brian Deer (2011) 1e partie How the case against the MMR vaccine was fixed Lien vers l’article
Brian Deer (2011) 2e partie How the vaccine crisis was meant to make money Lien vers l’article
Fiona Godlee, Jane Smith & Harvey Marcovitch, éditeurs BMJ (2011) Wakefield’s article linking MMR vaccine and autism was fraudulent Lien vers l’article
[40] https://briandeer.com/mmr/lancet-deer-1.htm
[41] https://briandeer.com/mmr/lancet-lsc.htm
[42] Simon H Murch, Andrew Anthony, David H Casson, Mohsin Malik, Mark Berelowitz, Amar P Dhillon, Michael A Thomson, Alan Valentine, Susan E Davies, John A Walker-Smith (2004) Retraction of an interpretation Lien vers l’article
[43] https://briandeer.com/mmr/st-dec-2006.htm
[44] https://briandeer.com/solved/st-fixed-data.htm
[45] https://www.theguardian.com/science/2010/jan/28/mmr-doctor-fail-children-gmc
[46] Jeffrey P. Baker (2007) Mercury, Vaccines, and Autism – One Controversy, Three Histories Lien vers l’article
[47] Gibson S. Memorandum from Assistant Director, Bureau of Biologics, FDA to Director, Bureau of Biologics, FDA entitled (1976) Use of thimerosal in biologics production. (cité dans l’article ici)
[48] https://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm4826a3.htm
[49] https://web.archive.org/web/20210125224706/https://www.vaccinesafety.edu/thi-table.htm
[50] https://www.thedailybeast.com/the-kennedy-pushing-his-own-fake-news
S Bernard, A Enayati, Redwood, Roger, Binstock (2001) Autism: a novel form of mercury poisoning Lien vers l’article
[51] https://www.nytimes.com/2005/06/25/science/on-autisms-cause-its-parents-vs-research.html
[52] Karin B. Nelson, Margaret L. Bauman (2003) Thimerosal and Autism Lien vers l’article
[53] Kathleen Stratton, Alicia Gable, Marie C. McCormick (2001) Immunization Safety Review: Thimerosal-Containing Vaccines and Neurodevelopmental Disorders Lien vers l’article
[54] Leslie K. Ball, Robert Ball, R. Douglas Pratt (2001) An Assessment of Thimerosal Use in Childhood Vaccines Lien vers l’article
[55] Thomas Verstraeten, Robert L Davis, Frank DeStefano, Tracy A Lieu, Philip H Rhodes, Steven B Black, Henry Shinefield, Robert T Chen (2003) Safety of thimerosal-containing vaccines: a two-phased study of computerized health maintenance organization databases Lien vers l’article
[56] Paul Stehr-Green, Peet Tull, Michael Stellfeld, Preben-Bo Mortenson, Diane Simpson (2003) Autism and thimerosal-containing vaccines: lack of consistent evidence for an association Lien vers l’article
[57] Anders Hviid, Michael Stellfeld, Jan Wohlfahrt, Mads Melbye (2003) Association Between Thimerosal-Containing Vaccine and Autism Lien vers l’article
[58] plusieurs dont notamment:
Bradstreet J, Geier D, Kartzinel J, Adams J, Geier M. (2003). A case-control study of mercury burden in children with autistic spectrum disorders. Lien vers l’article
Geier DA, Geier MR. (2004). A comparative evaluation of the effects of MMR immunization and mercury doses from thimerosal-containing childhood vaccines on the population prevalence of autism. Lien vers l’article
[59] https://quackwatch.org/cases/civil/geier/
https://www.chicagotribune.com/2009/05/21/miracle-drug-called-junk-science/
très bon résumé aussi sur https://www.nytimes.com/2005/06/25/science/on-autisms-cause-its-parents-vs-research.html
[60] Institute of Medicine (US) Immunization Safety Review Committee (2004) Immunization Safety Review: Vaccines and Autism Lien vers l’article
[61] Sarah K. Parker, Benjamin Schwartz, James Todd, Larry K. Pickering (2004) Thimerosal-Containing Vaccines and Autistic Spectrum Disorder: A Critical Review of Published Original Data Lien vers l’article
[62] https://www.fda.gov/vaccines-blood-biologics/safety-availability-biologics/thimerosal-and-vaccines#bib
[63] https://web.archive.org/web/20031012231839/http:/www.who.int/vaccine_safety/topics/thiomersal/questions/en/
[64] https://www.cdc.gov/vaccinesafety/Concerns/thimerosal/index.html
[65] https://content.time.com/time/health/article/0,8599,1721109,00.html
[66] Paul A. Offit (2008) Vaccines and Autism Revisited — The Hannah Poling Case Lien vers l’article
[67] Paul A. Offit, Jessica Quarles, Michael A. Gerber, Charles J. Hackett, Edgar K. Marcuse, Tobias R. Kollman, Bruce G. Gellin, Sarah Landry (2002) Addressing Parents’ Concerns: Do Multiple Vaccines Overwhelm or Weaken the Infant’s Immune System Lien vers l’article
[68] https://www.youtube.com/watch?v=yhP6-07O4Hw
[69] Michael Davidson, G. William Letson, Joel I. Ward, Angela Ball, Lisa Bulkow, Peter Christenson, James D. Cherry (1991) DTP Immunization and Susceptibility to Infectious Diseases Lien vers l’article
Steven B. Black, James D. Cherry, Henry R. Shinefield, Bruce Fireman, Peter Christenson, Dominique Lampert (1991) Apparent Decreased Risk of Invasive Bacterial Disease After Heterologous Childhood Immunization Lien vers l’article
[70] Frank DeStefano, Cristofer S Price, Eric S Weintraub (2013) Increasing exposure to antibody-stimulating proteins and polysaccharides in vaccines is not associated with risk of autism Lien vers l’article
[71] https://vaccination-info-service.fr/Questions-frequentes/Questions-generales-sur-la-vaccination/Composition-des-vaccins/Les-adjuvants-vaccinaux-c-est-quoi
[72] retrouvable indirectement depuis https://menace-theoriste.fr/reponse-maman-antivax/, au point 21, où l’argument parle litéralement d’une présence de mercure et d’aluminium dans le ROR, ce qui est faux pour les deux.
[73] Lucija Tomljenovic, Christopher A.Shaw (2011) Do aluminum vaccine adjuvants contribute to the rising prevalence of autism? Lien vers l’article
[74] Alberto Boretti (2021) Reviewing the association between aluminum adjuvants in the vaccines and autism spectrum disorder Lien vers l’article
[75] https://www.who.int/groups/global-advisory-committee-on-vaccine-safety/committee-reports
Communication de 2012 https://www.who.int/groups/global-advisory-committee-on-vaccine-safety/topics/adjuvants
[76] Sarah Geoghegan, Kevin P. O’Callaghan and Paul A. Offit (2020) Vaccine Safety: Myths and Misinformation Lien vers l’article
[77] Laura Conklin, Anders Hviid, Walter A Orenstein, Andrew J Pollard, Melinda Wharton, Patrick Zuber (2021) Vaccine safety issues at the turn of the 21st century Lien vers l’article
[78] Paul Löffler (2021) Review: Vaccine Myth-Buster – Cleaning Up With Prejudices and Dangerous Misinformation Lien vers l’article
[79] Mateusz P Karwowski, Catherine Stamoulis, Larissa M Wenren, G Mayowa Faboyede, Nicolle Quinn, Kathleen M Gura, David C Bellinger, Alan D Woolf (2017) Blood and Hair Aluminum Levels, Vaccine History, and Early Infant Development: A Cross-Sectional Study Lien vers l’article
[80] Robert J Mitkus, David B King, Maureen A Hess, Richard A Forshee, Mark O Walderhaug (2011) Updated aluminum pharmacokinetics following infant exposures through diet and vaccination Lien vers l’article
[81] https://www.fda.gov/vaccines-blood-biologics/safety-availability-biologics/common-ingredients-fda-approved-vaccines
https://www.acadpharm.org/dos_public/Rapport_Adjuvants_aluminiques_VF_CORR_5.pdf
[82] Alexa Guy, Sarah E Seaton, Elaine M Boyle, Elizabeth S Draper, David J Field, Bradley N Manktelow, Neil Marlow, Lucy K Smith, Samantha Johnson (2015) Infants born late/moderately preterm are at increased risk for a positive autism screen at 2 years of age Lien vers l’article
[83] Gareth Millward (2019) Vaccinating Britain: Mass vaccination and the public since the Second World War Chapitre 5.
[84] Perviz Asaria, Eithne MacMahon (2006) Measles in the United Kingdom: can we eradicate it by 2010? Lien vers l’article
[85] https://www.independent.co.uk/news/world/americas/anti-vaccine-measles-outbreak-worst-in-decades-america-minnesota-somali-a7720976.html
Owen Dyer (2017) Measles outbreak in Somali American community follows anti-vaccine talks Lien vers l’article
[86] https://news.gallup.com/poll/276929/fewer-continue-vaccines-important.aspx
[87] https://www.psiram.com/fr/index.php/Henri_Joyeux https://www.psiram.com/fr/index.php/Luc_Montagnier
https://www.slate.fr/story/153639/luc-montagnier-nobel-medecine-anti-vaccins
[88] https://fr.euronews.com/sante/2024/01/24/que-cache-la-recrudescence-de-la-rougeole-en-europe-sur-laquelle-alerte-l-oms
[89] Par exemple:
Cyrille Robert, Laurent Pasquier, David Cohen, Mélanie Fradin, Roberto Canitano, Léna Damaj, Sylvie Odent, Sylvie Tordjman (2017) Role of Genetics in the Etiology of Autistic Spectrum Disorder: Towards a Hierarchical Diagnostic Strategy Lien vers l’article
Brett S. Abrahams and Daniel H. Geschwind (2008) Advances in autism genetics: on the threshold of a new neurobiology Lien vers l’article
Antonio M. Persico, Valerio Napolioni (2013) Autism genetics Lien vers l’article
https://ramus-meninges.fr/2016/04/23/le-point-sur-lheritabilite-de-lautisme-2/